Puisque je suis coincée du côté la Noë dans ma recherche d’Albert, la clé du mystère est peut-être dans la recherche d’informations sur la femme de Jules Albert, Marie Frédérique Rossignol d’Astorg.
De son vrai nom, Maria Carolina Fritza Rossignol d’Astorg, elle est fille de Pierre Libera Rossignol d’Astorg né le 20 vendémiaire an X à Labastide -Murat et décédé à Cahors le 4 novembre 1873 et de Jeanne Leonie Delfour (Albas 1817-Cahors 1872).
Médecin à Labastide Murat, Pierre Libera a du mal à élever ses cinq enfants
« Présenté en 1852 à l’empereur, il obtient une charge de commissaire de surveillance administrative des chemins de fer français, sollicite le 13 mars 1859 un grade d’inspecteur car ses appointements sont insuffisants » (1)
On le trouve mentionné dans « l’Allemagne aux Tuileries de 1850 à 1870 » Par H Bordier p 177 et dans « La mendicité allemande aux tuileries 1852-1870 » par Henri Welschinger.
où il est présenté comme faisant partie de la clique allemande liée aux Hohenzollern qui aurait abusé de la bonté de l’Empereur Napoléon III. Ces deux derniers ouvrages font suite à la guerre de 1870 et ont pour but d’attiser la haine anti-allemande et de ceux qui leurs sont liés. On y apprend que Pierre Libera est « sans fortune et père de cinq enfants» et « oncle » du prince de Hohenzollern. Cela corrobore les écrits de l’oncle sur les liens avec les Hohenzolern.
Jules Albert travaillait pour les Messageries Maritimes comme Antoine Jean Etienne Rossignol, le frère de Maria Carola. Origine de l’idylle?
J’ai écrit aux Affaires étrangères pour en savoir plus sur Jules Marie Albert mais ils n’ont pas trace de son décès à Montevideo.
Un membre de Généanet présente sur son arbre, Marie Frédérique (Maria Carolina Fritza) comme née à Labastide Murat.
Je le contacte immédiatement car je sais, pour avoir déjà eu un échange avec lui, que nous avons un bout de famille en commun. Il me donne une référence à la BNF : « les Bonaparte et leurs alliances », de Léonce de La Bretonne, publié en 1901. Y figure le deuxième mariage de Louise Dastorg (mariée en premières noces avec Pierre Murat, frère aîné du prince Murat), avec Pierre Rossignol.
Y figure aussi leur descendance:
1° Bernard Rossignol (1801-1831),
2° Jean Pierre Libera Rossignol, marié deux fois: 1° à Jacquette Adèle Labie; 2° à Jeanne Léonie Delfour. De ce second mariage sont nés:
1° Léopold né le 28/09/1841
2° Antoine né né le 13/011841
3° Antoinette née en 1846 à Labastide Murat
4° Adèle née en 1848, mariée au Dr Alayrac, maire de Labastide Murat, dont une fille: Marie Frédérique, née en 1855, mariée 1° à Albert de la Noé, 2° à Jules Paulet Cal. Ce dernier élément est peu crédible : Marie Frédérique ne peut être la fille d’Adèle elle aurait été mère à 6 ans! De plus, M-F apparaît dans le texte en ma possession sous le nom Rossignol d’Astorg. Je pense donc que c’est une fille « tardive » de Jean « Pierre » Libera Rossignol d’Astorg
3° Jean (An XIII-?)
Pierre Rossignol (le père de Jean Pierre Libéra) marié à Louise d’Astorg a demandé et obtenu le droit de se nommer Rossignol d’Astorg. (Son arriere-petit fils Maurice, à l’inverse, a demandé a ne plus se nommer ainsi. Décision validée par le tribunal …..).

Antoinette Murat Fürstin von Hohenzollern-Sigmaringen (tante de Maria Carolina Fritza) Source
Avant d’épouser Pierre Libéra Rossignol, Marie d’Astorg (1762-1832) avait épousé Pierre Murat (1748-1792), fils d’un aubergiste de la Bastide Murat dont elle a cinq enfants. La petite dernière, née après la mort de son père, se nomme Antoinette.
A la mort de Pierre, son frère Joachim Murat (1765- 1815), LE Murat général d’Empire, prend soin de ses neveux. Devenu grand-duc de Berg et de Clèves, prince de la Confédération du Rhin, Joachim Murat marie Antoinette (1793-1847) à Paris, le 4 février 1808, au prince Charles de Hohenzollern-Sigmaringen (2). Peu de temps après, il devient Roi de Naples.

Joachim Murat
Antoinette de Hohenzollern, nièce de Joachim Murat, est donc la demi-soeur de Pierre Libera Rossignol d’Astorg et la tante de Maria Carolina Fritza, femme d’Albert Aubry de La Noë.
Voilà le fameux lien aux Hohenzollern !!
Notons que le village de Labastide-Murat dans le Lot a été rebaptisé ainsi en 1852 par un décret de Napoléeon III en l’honneur de Joachim Murat mais se nommait Labastide Fortunière auparavant.
Grâce à Jean-Pierre Croc rencontré via Généanet, je parviens à trouver l’acte de mariage de Maria Carola Fritza avec Jules Marie Albert Aubry de la Noë le 17 juin 1876 toujours à Labastide Murat.
Trois surprises sur cet acte :
- Maria Carola Fritza y apparaît comme Rossignol et non Rossignol d’Astorg ainsi que son père.
- Sophie Aubry de la Noë, soeur d’Albert, est présente et signe le registre. Elle ne devait donc pas être si mécontente du mariage de son frère avec une femme liée au clan bonapartiste. Le mari de celle-ci, Jules César Antoine Aubry de la Noë, est témoin.
- Frederic Hilarion Alayrac est témoin comme beau-frère de la mariée ce qui confirme que l’information donnée par le livre » Les Bonaparte et leur famille » est inexacte: Maria Carolina est la belle-soeur et non la fille de Alayrac.
- Le nom complet d' »Albert »est Jules Marie Albert, né à Pontlevoy le 13 janvier 1841.
Mais rien n’explique la fameuse rastaquouère.
Monsieur Croc attire mon attention sur un acte de mariage ultérieur concernant Maria Carolina Fritza. Celle-ci épouse en deuxième noce en 1887 Jules Paulet, né et domicilié à Montévideo (Uruguay). Le document précise que Jules Albert, premier époux, est mort à Montévideo le 15 septembre 1885.
La voici donc la rastaquouère ! C’était de Maria Carolina Fritza qu’il s’agissait dans les cancans familiaux et non d’une hypothétique seconde épouse de Jules Albert. Sophie a dû désapprouver le remariage de sa belle soeur.

Joachim Murat, député du Lot
L’un des témoins de ce deuxième mariage est Joachim Murat II, député du Lot (1828-1904).
Le mystère est enfin résolu et je trouve quelques temps plus tard une photo de Maria Carolina Fritza et de Jules Albert lors d’une soirée déguisée.

Maria Carolina Fritza Rossignol et Jules Albert Aubry de la Noë ©ihaynes
(1) Extrait de la Revue des deux Mondes pages 530 periode 6 T 33- 1916.
(2) Voir fiche sur Antoinette par les amis du Musée Murat ici
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