Fimbel. Le carnet noir (4). Appauvrissement ?

« Le 27 mars 1700 à Blodelsheim après décès de Anna Maria VONESCHErin il a été procédé à un inventaire des biens qui dit que Hans Georg FIMBEL est bourgeois de Blodelsheim, que sont patrimoine est répertorié et comprend une demeure, grange, écurie, des biens mobiliers, du matériel roulant et agricole etc. »(1) L’aieul avait donc du bien.

Par contraste voici ce que note son petit fils Franz Xavery à propos de son père, Ignace Francois petit-fils de Hans Georg

« Description du mobilier et autre que moi, Xavery Fimbel, ai réservé à mon père le 10 janvier 1845, à vie ou jusqu’à sa mort.
Premièrement un lit complet avec matelas, paillasse et bois de lit.
2- 8 costumes, 8 [Zichen??], et 13 draps de lit
3- 4 nouvelles serviettes
4- une poire à lavements [??]
5- une table en bois de cerisier
6- 3 chaises en bois de cerisier et 3 vieilles chaises
7- une boîte en bois de noyer
8- une petite table de nuit
9- un récipient de cuisine avec compartiment pour vaisselle
10- un moulin avec couvercle
11- un setier
12- une chaise de toilette
13- un grand baquet et deux petits, un chaudron et un drap pour cendres
14- 10 barils, un de 43 ohm [150 litres, ndlt], un de 31, un de 22? Un de 9, un de 7, un de 5, un de 3? Un de 2 et un de 1 ohm et un entonnoir
16- 16 cuves
17- 2 bacs à herbes, un de 8 ohm et un de 5 ohm
18- une brouette
19- deux vieux bois de lit, un bon lit, deux vieux. Une bonne paillasse et deux vieilles, et un matelas.
20- un robinet à vin »

A la génération suivante, à la mort de Franz Xavery, son fils Ignace qui lui a succédé à la forge note :
« Du mobilier que mon père a eu toute sa vie: premièrement 8 costumes, 8 [Zichen??], et 13 draps de lit.
2- 4 nouvelles serviettes
3- 2 chaises et le fauteuil, une petite table de nuit, une boîte et une table en bois de sapin.
4- une couverture de laine
5- une bible »
Petit fils et arrière petit fils de Hans Georg étaient donc appauvris. Sans doute l’effet de la natalité de la natalité débordante et de la structure familiale.
D’après A. Wahl (2) , les catholiques (alsaciens) sont groupés en une société hiérarchisée de gros propriétaires-exploitants, avec familles surchargées d’enfants avec de nombreux adultes au foyer ( qui ne se mariaient pas). » Hans Georg ayant eu 18 enfants on se doute de la difficulté à survivre de ceux qui n’héritaient pas de la terre. Dans cette optique, le maréchal ferrand, indispensable à la vie du village ne s’en tirait pas si mal.

 

Sources:

(1) Emile DECKER – Blodelsheim 2003 sur page web du CDHF consacré à Blodelsheim.

(2) Wahl Alfred. Patrimoine, confession et pouvoir dans les campagnes d’Alsace, 1850-1940. In: Études rurales, N°63-64, 1976. Pouvoir et patrimoine au village – 1. pp. 235-245.

 

Hélène Costes (1881-1941)

Marie Rose «Hélène » Costes est née en 1841. Son père, Augustin Martin Costes (1814-1898) est économe du lycée. Sa mère se nomme Jeanne Célestine Lescale (1828-1909) fille de Jean-Baptiste Lescale (1777- 1841) et de Marie Rigal (1792-1869). Jean-Baptiste est receveur de l’Enseignement puis contrôleur à Penne, un petit village médiéval du Tarn. Tout ce petit monde naît et meurt à Cahors.

Sourde à la fin de sa vie, Hélène vivait à Marseille au deuxième étage de l’immeuble de la rue Saint Jacques où son fils exerçait la médecine. Après la mort de celui-ci elle emménagea à Lafarre-les-Oliviers dans une maison de retraite où elle mourut en 1936 y laissant ses meubles et le portrait de son mari Louis Ignace Fimbel (1848-1912) peut-être celui que que l’on aperçoit ici sur le mur.

Hélène Coste

Hélène Coste à la fin de sa vie Credit photo : I Haynes

Ma mère se souvient qu’elle avait gardé une grande amie de Cahors qui venait la voir à Marseille et, plus tristement, qu’elle ne pouvait s’arrêter de pleurer lors de l’enterrement de son fils, Maurice, mort avant elle en 1938.

Sa vie de mère fût difficile : des cinq enfants qu’elle eût avec son mari, trois moururent en bas-âge et un autre, donc, quatre ans avant elle.

Je sais peu de choses sur la famille Coste (ou Costes l’orthographe varie). D’après les renseignements trouvés sur Geneanet, le père d’Augustin Martin, Jean-Francois (1782-1848), est dit marchand (de quoi?) propriétaire à Lagrave près d’Albi, tout comme son père Jean Antoine (1753-1841) et son grand-père Jean-Pierre (1715-?). Ce dernier étant lui, marchand à Labastide-de-Levis anciennement la Labastide de Montfort, petit bourg situé à quelques kilomètres de Lagrave.
Jean Antoine Costes meurt à Lagrave mais était né à Labastide-de-Levis.

 

Il faut remonter au père de Jean-Pierre, Bernard (1670-1743), pour trouver une racine paysanne puisque Bernard est dit «laboureur du masage du Vignié, paysan », métiers que l’on retrouve pour :

  • son père Bernard dit « le vieux » (1626-1686) ,
  • son grand-père Bernard (1580-1631),
  • son arrière-grand-père Jean (vers 1550-1622)

qui étaient, eux, laboureurs au masage des Costes sive de Gauzide, d’où, je suppose, leur nom de famille.

Carte de Labastide-de-Lévis et de ses environs

Carte de Labastide-de-Lévis et de ses environs. Données de carte: Google, 2016

Une petite recherche Google m’apprend que le site de Gauzide un peu à l’écart du village existe toujours et vient d’être loti.

On remarque un peu plus au Nord  le lieu-dit Le Vignal, était-ce autrefois Le Vigné ?

Les Costes sont une famille paysanne mais, grâce à l’aide trouvée sur Généanet, c’est celle que l’on  trace le plus loin: 1550 presque les débuts de l’Etat civil. C’est assez impressionnant.

Les Costes se marient avec des jeunes filles du coin et les voilà donc alliés aux Maillol, Poujade, Galaup, Delmur, Reynaud (ou RAYNAUD), Chaynes (elle vient de Lagrave) et Calmes.

Cette famille traverse les grands événements de son temps, les guerres de religion ou l’épidémie de peste de 1630 -1631 qui ravage Languedoc et Provence.

Atteint de ce mal, Bernard (1580-1631) fait son testament le 25 août 1631 et décède. Sa veuve, Jeanne Poujade, enceinte, craignant d’être elle-même atteinte de la maladie, teste à son tour le 27 août. Mais elle survivra et François, leur dernier enfant, naîtra le 29 février 1632, six mois après le décès de son père.

Un Léon Costes exerce comme médecin à Lagrave vers 1905. Maurice Fimbel le connaissait-il ? En tout cas ma mère se souvient d’avoir entendu prononcer le nom de Lagrave et suppose qu’Hélène s’y était retiré avant d’habiter chez son fils.

Une Mona écrit de Lagrave en 1920 et transmet les pensées de « Maman, Maria et tante Suzanne ». Je retrouve une Suzanne Lescale née en 1888, fille de Paul Lescale enseignant en droit au lycée de Cahors. Compte tenu de la proximité des lieux et des professions (Augustin Martin travaille aussi au lycée) il doit s’agir de cousins mais je n’arrive pas à établir d’autres liens.

Les Costes sont de fervents catholiques. Notons que le premier monastère féminin bénédictin de Gaule est fondé à Lagrave en 614. Si un prêtre concordataire, Joseph Hippolythe Costes (1787-1829) fils de Jean Antoine Costes et Marie Chaynes (1757-1815), mes aïeuls directs, prête serment en 1792, deux prêtres réfractaires du nom de Costes existent dans les archives du Tarn mais il ne m’est pas possible de les lier directement avec la famille.

Infos sur Labastide de Lévis. http://labastide2levis.free.fr

Sur l’église. voir lien