Les évêques étaient protestants. Jacques (1557-1618) et Jean (1565-1621) DAVY du Perron.

Dans l’un de mes tous premiers posts, j’ai parlé des questions qui se posaient pour la généalogie de ma mère. L’une d’elles était de savoir qui était l’évêque dont on parlait dans sa famille. Ma mère se souvenait seulement qu’il avait été évêque de Sens.

Surprise, surprise : il n’y a pas un évêque mais deux !

Et ils étaient tous deux protestants !  Du moins dans leur jeunesse.

Leur père Julien Davy (1528-1583) Ecuyer, sieur de Guéhébert, du Perron, de la Hazardière est médecin à Saint-Lô. Converti au protestantisme, il devient pasteur, émigre à Jersey et à Genève puis revient à Paris où il meurt en 1583. Il avait épousé à Genève, le 23 août 1556, Ursine Le Cointe (décédée en 1604 à Périers).

  • Jacques Davy, cardinal du Perron (1556-1618)

    Bellange Thierry (1594-1638) (attribué à)
    Jacques Davy, cardinal du Perron (1556-1618)
    Pau, musée national du château de Pau
    Photo (C) RMN-Grand Palais (Château de Pau) / René-Gabriel Ojéda

    Jacques, né en 1557 à Saint-Lô, est un enfant surdoué. Elevé en Suisse par ses grands-parents calvinistes, pourvu d’une mémoire extraordinaire, il parle parfaitement le latin, l’hébreu et le grec dès ses 17 ans, et a étudié, seul, la théologie, la poésie et la philosophie. Il est d’ailleurs présenté au Roi Henri III comme un prodige. A la cour, il rencontre des théologiens qui le convertissent au catholicisme. Il prononce l’oraison funèbre de Ronsard en 1586 puis rentre dans les ordres. Il est sacré évêque d’Evreux le 27 décembre 1595 à Rome en l’Eglise Saint Louis des Français et devient cardinal en 1604 à la suite de succès oratoires et théologiques rencontrés contre les protestants.

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    Eglise Saint Louis des Français. Rome. 2015. Photo: I Haynes

    Il participe à la conversion d’Henri IV qui le nomme Premier aumônier et conseiller d’Etat puis ambassadeur à Rome. Il devient archevêque de Sens en 1606 puis primat des Gaules, commandeur du Saint Esprit, membre du conseil de régence de Louis XIII.

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    Hotel de Sens, Paris.  Photo: Pline

    Jacques Davy du Perron meurt à Paris en son hôtel de Sens, le 5 septembre 1618, en laissant une oeuvre théologique et poétique considérable. Il a prononcé l’éloge funèbre de Marie Stuart reine d’Ecosse.

 

 

 

  • Jean, né en 1565 à Vire, est aussi un maître des langues anciennes et un musicien : il donne des leçons de luth et de viole en 1576 à Paris. Converti, comme son frère, il fonde des couvent, devient aumônier d’Henriette de France, reine d’Angleterre et archevêque de Sens après la mort de son frère. Proche de Richelieu, il meurt à Laubejac le 24 novembre 1621.  Il y suivait la Cour et l’armée du Roi qui, après avoir assiégé Montauban place forte protestante, venait de lever le siège de la ville. La peste s’étant répandue au sein des troupes royales puis des protestants, il est possible que Jean ait succombé à cette maladie. Il existe un portrait de lui dans le livre  consacré à la famille Davy mais je n’arrive pas à trouver les coordoénnes de l’éditeur pour obtenir l’autorisation de publication.
Monuments du Perron

Statues du mausolée des frères Davy dans la cathédrale de Sens. Photo :  Cl. Antoine Philippe.

Les corps des deux frères sont inhumés dans la cathédrale de Sens où leur neveu, Jacques Le Noël, lui aussi évêque d’Evreux, leur fit élever un mausolée dont il ne reste que les statues. Les coeurs des trois évêques reposent à Paris en l’église Saint-Paul-Saint-Louis.

Les frères Davy avaient deux soeurs :

  • Marie qui épouse Jean de la Rivière puis Robert le Noël (père du 3ème évêque)
  • Anne-Marie-Geneviève épouse Pierre Tardif sieur de La Rochelle en Vaudrimesnil dont descend ma branche maternelle.

 

 

 

 

Sources:

Hubert Lamant et Jean Canu  » Les familles David et Davy », 1979.

Articles Wikipedia sur Jean et Jacques Davy du Perron.

Tous mes remerciements au CEREP (Centre de recherche et d’étude du patrimoine) de Sens et à l’Agence Photo de la Réunion des Musées Nationaux.

Philippe Héron (1767-1827)

Philippe Héron, chirurgien major de la Marine est l’un des rescapés du naufrage du navire «  Le vengeur du peuple ».

Le Brunswick et le Vengeur du Peuple (à droite) à la bataille du 1er juin 1794 Musee de la Marine. Greenwich

Le Brunswick et le Vengeur du Peuple (à droite) à la bataille du 1er juin 1794. Musée de la Marine. Greenwich. Remarquez le drapeau révolutionnaire de l’époque « rouge blanc bleu sur fond blanc »

 

Voici quelques renseignements sur la bataille gagnés sur Wikipédia. « Le vaisseau et son équipage deviennent célèbres après la bataille du 13 prairial an II (le 1er juin 1794), pendant laquelle la flotte française de l’amiral Villaret de Joyeuse va affronter celle britannique de Howe. Le Vengeur-du-Peuple, au centre de la ligne, se retrouve bord à bord avec le HMS Brunswick en un duel rapproché au canon et au fusil. Ils sont bientôt rejoints par le français l’Achille (rapidement démâté) puis par le britannique HMS Ramillies,

Si le vaisseau britannique finit le combat avec à son bord 45 morts (dont son capitaine) et 114 blessés (soit 159 hommes perdus sur 600), le Vengeur-du-Peuple perd deux de ses mâts, a le tiers de son équipage hors de combat et de l’eau qui commence à monter dangereusement dans ses cales. Le capitaine de vaisseau Renaudin, commandant du Vengeur, fait hisser le pavillon britannique en signe de reddition et de demande d’aide, puis monte à bord du HMS Culloden. Mais le vaisseau vaincu a la coque tellement percée qu’il va rapidement sombrer. Sur environ 600 membres d’équipage, 367 marins et 7 officiers sont sauvés par les navires britanniques à proximité (HMS Culloden, HMS Alfred et HMS Rattler). La bataille se termine par la perte de sept vaisseaux français (un coulé et six capturés), auxquels il faut rajouter les 5 000 morts et blessés côté français (contre 1 148 chez les Britanniques) et les 4 000 prisonniers.
La propagande républicaine va chercher à transformer cette défaite militaire en victoire morale. La bataille est présentée à la tribune de la Convention par Barère, le rapporteur du Comité de salut public (de la fin 1793 au début 1794). Son discours prétend que les marins du Vengeur ont refusé de se rendre à l’ennemi, et sont tous morts quand le vaisseau a sombré, en criant « Vive la Patrie, vive la République » et en chantant la Marseillaise
Le retour en France du commandant Renaudin et des marins prisonniers en Angleterre fut une surprise. Bréard se chargea d’annoncer cette embarrassante nouvelle à la Convention : « Je suis bien aise d’apprendre à la Convention que tout l’équipage du Vengeur n’a pas péri ».
Néanmoins, la légende conserva son crédit dans l’imagerie populaire, la chanson et le théâtre. »

Le naufrage du "Vengeur du peuple" sur la colonne de la place de la République à Paris

Le naufrage du « Vengeur du peuple » sur la colonne de la place de la République à Paris

Deux ans après, Philippe épouse Bonne Rose Victoire Davy de Boisroger (1760-1837) à Moutiers au Perche. Une légende familiale dit que la voyant sur l’échafaud et la trouvant jolie, il lui offrit la liberté si elle l’épousait. Cette histoire me paraît tout à fait sujette à caution pour deux raisons:

  • Bonne avait déjà épousé en 1res noces François le Couturier tué en Vendée en 1794 alors qu’il combattait dans l’armée républicaine. Elle n’était donc pas légitimiste.
  • Leur mariage a lieu en 1796. De l’avis des historiens, la Terreur est finie depuis de longs mois.

Il s’établira comme médecin à Tourlaville et décèdera à La Loupe le 22 juillet 1827, deux ans après sa fille Antoinette Bonne Louise Henriette, épouse d’Antoine Hippolyte Aubry de la Noë, morte à La Loupe en 1825 à l’âge de 27 ans.