Paul SCHERER (suite)

Paris, milieu d’après-midi, je pénètre dans une résidence pour Seniors dans le 17ème.
Un vieux monsieur qui porte le même nom et le même prénom que mon père et en a l’âge m’ouvre la porte. Je me présente.

Le vieux Monsieur me montre une très jolie photographie où sa mère, Geneviève Mahot,  entourée de ses nombreux enfants. Nous parlons de  Wissembourg et des Scherer. Ce monsieur est catholique et me dit que toute sa famille l’est aussi. Alors que je m’attendais à le voir ouvrir de vieux dossiers ou dérouler un parchemin, le voici qui me conduit dans sa chambre où trône, dans un cadre doré, l’arbre généalogique de Jean-Georges SCHERER (1765-1822) aubergiste brasseur à la Couronne (Wissembourg).
Je repère immédiatement sur une branche de l’arbre Louis Frédéric Auguste SCHERER (1810-1871) mon arrière-arrière grand-père qui reprit l’auberge de l’Ange à la suite de Jean Scherer frère de Jean-Georges.

 

LouiseBOURGUIGNON_LouisFredericAugusteSCHERER_vers1865

Louise Bourguignon et Louis Frederic Auguste Scherer vers 1865

 

L’embrouillamini de la filiation Scherer s’éclairci : Jean Georges a eu 14 enfants de deux femmes différentes; son père Jean Christophe en avait eu 15 de deux femmes différentes aussi. Grande famille, arbres compliqués !

arbre scherer

Arbre de descendance de Jean Georges SCHERER (1765-1822) Photo : I SCHERER

Mon arrière-arrière-grand père Louis Frédéric Auguste, descend de la deuxième femme de Jean Georges: Sophie Catherine Laedlein. Un cousin Laedlein retrouvé dans d’autres circonstances, m’envoie une photo de leur tombe à Wissembourg : Louis Frederic était franc-maçon, sa tombe en porte tous les insignes.

Louis Frédéric Auguste avait donc cinq frères et soeurs:

  1. Jean Philippe, négociant marié à ? Greiner
  2. Caroline mariée à Fritz Teutsch, employé aux chemins de fer. Leur fils, Charles, sera maire de Wissembourg
  3. Henry, employé à Sèvres
  4. Lisette mariée à Joseph Schad, négociant à Schweigen
  5. Frédérique, non mariée

et six demi-frères et soeurs

  1. Eve Dorothée mariée à Jean Gauckler, tonnelier, puis à Michel Rechigner, brasseur
  2. George, brasseur à La Couronne, marié à Linda Lindner puis à Dorothée Lindner
  3. Salomé, marié à Jean Eberlin, tanneur
  4. Gaspard, pasteur, marié à Marguerite Fromm puis à Dorothée Fromm. Il exerce à Ballbronn en 1841
  5. Christophe, teinturier, marié à la veuve Mann
  6. George Philippe, confiseur, marié à Wilhemine Reinhardt puis à Louise Schssing. C’est de ce premier mariage que descend Paul SCHERER.
  7. Sophie mariée à Fritz Doerr fabricant de chandelles. Leur fils Fritz 2, employé aux chemins de fer à Paris, est témoin sur tous les actes de naissance des enfants de Jules SCHERER et Louise Schmidt
  8. Marguérithe, non mariée.

Monsieur SCHERER me prête son tableau pour que je le fasse prendre en photo par un professionnel. Quelques semaines plus tard je le lui rapporterai emballé dans un beau papier bulle. Il ne viendra pas le chercher à la réception, ne répondra pas au coup de téléphone de l’hôtesse d’accueil à qui je finirai par le laisser. Il dort me dit-on. Je pense avec tristesse à ce Monsieur et à mon père qui est mort peu de temps auparavant. Si je le compare à papa il en très bonne santé et extrêmement dynamique. Ils ont vécu tous deux la plus grande partie de leur vie à Paris, avaient les mêmes origines, le même âge, le même prénom et ne se sont jamais rencontrés. Papa n’est jamais allé à Wissembourg alors que lui me dit s’y être rendu fréquemment.

La famille Scherer commence donc avec Jean SCHERER, maître cordonnier, né à Wissembourg le 8 décembre 1671. Les archives du Bas-Rhin en ligne commencent en 1616 pour ce qui est des protestants. Il doit donc être possible de remonter jusqu’aux parents de Jean mais il faudrait pour cela savoir lire l’allemand ou l’alsacien « gothique » ce que je ne sais pas. Avis aux amateurs !

Jean-Christophe, son fils, cordonnier, devient aubergiste et la famille se recentre sur les activités liées à la table: cafetier, hôtelier, restaurateur, confiseur, brasseur. La génération suivante poursuit ces activités mais se lance aussi dans la carrière militaire ou celle des chemins de fer.

Quand à la branche catholique de la famille, les deux femmes de Jean Georges étaient protestantes. Toute la famille fréquentait l’église Saint Jean qui, contrairement à ce que son nom laisserait supposer, est un temple protestant. Le passage au catholicisme a dû arriver plus tard ou bien sur la seule branche de Jules Scherer.

Eglise_Saint-Jean_de_Wissembourg_(3)

Eglise Saint Jean Wissembourg. By Chris06 (Own work) [CC BY-SA 4.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)%5D, via Wikimedia Commons

Paul SCHERER où comment retrouver des dizaines de cousins

Eugene Paul SCHERER

Paul Scherer (1870-1958)

Il y a quelques années, un cousin m’envoya une photo qu’il n’arrivait pas à identifier. Je la montrait à mon père qui me dit aussitôt qu’il s’agissait de Paul SCHERER Commandant du Sénat puis officier à Nantes.

Quelques temps après, ne sachant pas trop quoi faire, je décidai de regarder sur Geneanet s’il y avait quelque chose sur ce personnage et trouvai un Paul Scherer. J’étais à peu près sûre que c’était lui car il était dit « militaire ».
Je contactai  alors la personne qui avait mis cette information en ligne. Elle habitait Nantes et m’expliqua qu’il s’agissait d’un ancêtre de son gendre et qu’il avait effectivement été en poste au Sénat dont il dirigeait la garde.

Je lui envoyai la photo: la même se trouvait dans le salon de la grand-mère de son gendre.

Mon mari et moi ayant des amis à Nantes, nous profitons d’un week-end pour aller les voir. Monsieur de T a organisé un rendez-vous avec sa fille, le mari de celle-ci qui se nomme SCHERER et le reste de la famille. Ce sont des gens adorables. Nous rencontrons une fille de Paul Scherer. Celui-ci a eu dix enfants et il semblerait que l’une de ses filles habitant en Bretagne soit la généalogiste de la famille. Voilà une bonne cinquantaine de nouveaux cousins d’un coup !

Nous en apprenons un peu plus sur Paul Scherer: né le 3 juin 1870 à Marseille, fils de Georges Philippe Scherer (né le 4 novembre 1835 à Wissembourg) et de Virginie Molliere (née en 1861 à Rochefort), Paul est élevé dans un milieu militaire.

George Philippe SCHERER

Georges Philippe Scherer (1835-1895)

Son père est lieutenant de 1ere classe du 16ème corps puis Intendant général du 10ème corps d’armée. Dans son sillage, Paul entre à Saint Cyr, promo Cronstadt. Blessé aux jambes en 1916 au moment où il faisait abriter ses hommes violemment bombardés, il poursuit sa carrière militaire et devient commandeur de la légion d’honneur. Il est décédé à Nantes en 1958. Il était marié à Geneviève Mahot.

J’explique l’état de mes recherches et suscite la déception: certains étaient persuadés de descendre de Barthélémy Louis Joseph Schérer (1747-1804) général qui fit la campagne d’Italie. Un aubergiste est moins prestigieux bien qu’il n’y ait pas à rougir du nombre de légion d’honneur et de militaires dans la famille (voire la base Léonore ). Mais quel est le lien exact entre la famille de Paul Scherer et la mienne ? Ils sont tous catholiques, les Scherer de ma branche, protestants. Wissembourg est à ce moment là, le seul lien commun.

Coup de fil en Bretagne, une vieille dame sympathique m’explique qu’il faut m’adresser à son frère qui possède un arbre généalogique et habite à Paris.
Rendez-vous est pris lors de mon prochain week-end dans la capitale.