Immigrés en France : les Jackson

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Anna Folcsh de Fels née Jackson (1834-1915)

Anne Justine Jackson, ma trisaïeule, est née à Saint Paul-en-Jarez  (Loire), le 2 décembre 1834.

Elle est l’ainée d’une famille de neuf enfants. Ses frères et soeurs sont :

– Euphrosine Mathilde (1835-1901) épouse de Zacharie Paul Marie Paul CHARTRON (1827-1900).
– Olympe (1837-1838).
– Charles (1839-1886).
– Louisa Wilhelmine (1841-1863) épouse d’Anatole Lambert DE SAINT OLIVE (1825-1889).
– Georges Louis Eugène Eugène (1842-1856).
– Jenny Antoinette Jenny (1848-1915) épouse d’Henry Edouard Edouard FINOT (1839-1898).
– Lucie Charlotte (1850-1905)  épouse d’Ernest Stanislas Jules BROSSETTE (1839-1907).
– Gustave (1852-1893).

Charles Jackson

Charles Jackson

Son père, Charles Jackson, est un anglais né en 1805 à Manchester dans une famille de fabricants d’acier dirigée par James Jackson (1771-1829), le grand-père d’Anna.

Sa mère Eugénie Sütterlin (1811-1890) est issue d’une famille qui fabrique de l’acier et des armes en Alsace. Les deux se sont mariés en 1834 à Strasbourg.

 

En 1813, la France n’est pas encore capable de fabriquer de l’acier de bonne qualité et l’importe de Grande Bretagne à grand prix : les aciers coûtent dix fois plus cher qu’en GB.  Conscient de cette faiblesse, le gouvernement français, à l’initiative de Jean Antoine Chaptal, cherche le moyen de développer une fabrication nationale.  Il passe contrat en 1813 avec les Jackson père et fils qui dirigent une petite aciérie à Birmingham, pour qu’ils viennent s’installer en France et produisent de l’acier fondu.  La concurrence est très forte en Angleterre et James Jackson pense pouvoir avoir davantage d’opportunités commerciales en traversant la Manche. Il  choisit de s’établir près de Saint-Etienne, une région déjà engagée dans la ferronnerie.

james jacksonJames débarque à Calais avec huit de ses enfants en octobre 1814. Les débuts sont difficiles. Les biens anglais de James sont confisqués par le gouvernement britannique qui voit d’un mauvais oeil ce savoir-faire passer à l’ennemi français. La famille est proscrite et, comble de malheur, la femme de James, Elizabeth Stackhouse, meurt en 1815 quelques semaines après la bataille de Waterloo et l’arrivée de la famille en France.

C’est dans ces conditions qu’il faut aller chercher des ouvriers spécialisés en Angleterre.

«  Le père et les fils ne pouvant retourner en Angleterre, ce fut Anna, leur soeur (tante de mon aïeule), âgée alors de moins de quinze ans, qui fit le voyage, seule et non sans difficulté, ni même sans danger, car on était aux Cent-Jours. Elle partit grâce à un secours de 600 francs que lui remit le comte Chaptal et ne revint qu’après l’installation de la famille à Saint-Étienne, ramenant quelques ouvriers de Sheffield, mais point d’argent malgré l’attente de son père : du moins je n’en trouve pas trace dans ses papiers » (1) .

397px-Jean-Antoine_Chaptal_(1756-1832),_comte_de_Chanteloup

Jean Antoine Chaptal (peint par  Lemonnier) l’initiateur de l’arrivée des Jackson en France.

Vint ensuite l’envahissement de la France par les troupes alliées : l’aide attendue du gouvernement français ne vient pas – même si la Restauration a autant besoin d’acier que l’Empire- et les Jackson ne peuvent  compter que sur  eux-mêmes.

En août 1815, les Jackson  s’installent à Trablaine. On y fabrique pour la première fois en France de l’acier fondu.

En 1819, James Jackson déménage à Monthieux puis, en 1820, à Rochetaillée et au Soleil près de Saint Etienne.

En juillet 1825, James père se retire à Paris. Malade, il entreprend un voyage en Angleterre, où il meurt à Lancaster le 27 avril 1829 âgé de 57 ans.

En 1830, l’usine est transportée à Assailly. C’est là que les affaires des Jackson prospèrent. Ils sont les premiers producteurs d’acier de France dès 1837. En 1850, John prend sa retraite. James II se sépare de ses frères pour créer avec son fils une aciérie à Saint-Seurin en Gironde. William et Charles restent seuls associés, c’est le début d’une nouvelle période d’extension.

Les Jackson se diversifient dans l’industrie de faux et faucilles, en partenariat avec Gerin et Alexis Massenet (le père de Jules, le compositeur) de la Terrasse. Puis avec Dorian et Holtzer, à Pont-Salomon et en 1848 avec les Peugeot à Pont de Roide pour les scies en acier. (2)

Participant pleinement à la révolution industrielle française et bannis d’Angleterre, ils sont naturalisés français en 1845.

Les frères Jackson travaillaient dur et étaient élevés de même. Ils se baignaient tous les jours, même en plein hiver, dans le lavoir d’Assailly et ils faisaient couramment à pied, le trajet de Paris à Lyon. De religion Quaker, ils n’avaient pas de coreligionnaires en France aussi se sont-ils rapprochés de la communauté protestante de Saint-Etienne et ont en partie financé  la construction du Temple. Cela ne les a pas empêché d’épouser des catholiques comme l’était Eugénie Sutterlin femme de Charles Jackson.

Ils soutiennent également l’Institut d’Afrique qui lutte contre la traite des noirs. d’après l’historien  Gérard -Michel Thermeau « Patrons paternalistes, ils ont créé une école pour les enfants de leurs ouvriers. Mais c’est à peu près tout ce qu’ils font en matière sociale. Ils sont cependant appréciés de leur personnel, ayant longtemps travaillé manuellement aux côtés des ouvriers »(4).

En 2014, les descendants Jackson ont célébré le bi-centenaire de l’arrivée de James en France lors d’une cousinade à Rive-de-Giers qui a rassemblé plus de 400 personnes.

L’apport des Jackson au développement de la Région a été célébré par la réalisation par   d’une stèle à leur effigie dans la commune de Lorette. Plasticien : Jean Marc Bonnard.

 

Stèle frères Jackson

 

Anna Jackson épouse le 4 novembre 1853 à Lorette, Charles Henri FÖLSCH VON FELS (1827-1899) dont elle aura quatre enfants.

 

Enfants de James Jackson (1771-1829) et Elizabeth Stackhouse (1774-1815)

  • Joseph (1714-1843) épouse Sarah Mitchell puis Ann Davis
  • William (1796-1858) épouse Louise Sophie Peugeot (1811-1878)
  • John Dowbiggin (1797-1862) épouse Olympe Bourly
  • James II (1798-1862) épouse Madeleine Herbin
  • Anna (1801-1860) épouse Georges Léonard Peugeot (1805-1864)
  • Eliza (1803-1804)
  • Charles (1805-1857) épouse Eugénie Sütterlin (1811-1890)
  • Maria (1806-1877) épouse Jean François Egly
  • Elisa (1809-1849 épouse Théodore Goubert puis Juste Philippe Viallet (1797-1848)
  • Ellen (1811-1834) épouse Louis Paul Victor de Gallois (2)

Sur la vie des Jackson en Angleterre voir  (3)

 

Sources :

(1)  James Jackson et ses fils par W F Jackson. Paris 1893. Document familial.

(2) Marc Bajet arbre en ligne sur Généanet.

(3) Lexilogos.  Le site comprend de nombreux documents sur la famille Jackson.

(4) GM Thermeau « Les frère Jackson: les premiers aciéristes de France. ici

 

 

Les évêques étaient protestants. Jacques (1557-1618) et Jean (1565-1621) DAVY du Perron.

Dans l’un de mes tous premiers posts, j’ai parlé des questions qui se posaient pour la généalogie de ma mère. L’une d’elles était de savoir qui était l’évêque dont on parlait dans sa famille. Ma mère se souvenait seulement qu’il avait été évêque de Sens.

Surprise, surprise : il n’y a pas un évêque mais deux !

Et ils étaient tous deux protestants !  Du moins dans leur jeunesse.

Leur père Julien Davy (1528-1583) Ecuyer, sieur de Guéhébert, du Perron, de la Hazardière est médecin à Saint-Lô. Converti au protestantisme, il devient pasteur, émigre à Jersey et à Genève puis revient à Paris où il meurt en 1583. Il avait épousé à Genève, le 23 août 1556, Ursine Le Cointe (décédée en 1604 à Périers).

  • Jacques Davy, cardinal du Perron (1556-1618)

    Bellange Thierry (1594-1638) (attribué à)
    Jacques Davy, cardinal du Perron (1556-1618)
    Pau, musée national du château de Pau
    Photo (C) RMN-Grand Palais (Château de Pau) / René-Gabriel Ojéda

    Jacques, né en 1557 à Saint-Lô, est un enfant surdoué. Elevé en Suisse par ses grands-parents calvinistes, pourvu d’une mémoire extraordinaire, il parle parfaitement le latin, l’hébreu et le grec dès ses 17 ans, et a étudié, seul, la théologie, la poésie et la philosophie. Il est d’ailleurs présenté au Roi Henri III comme un prodige. A la cour, il rencontre des théologiens qui le convertissent au catholicisme. Il prononce l’oraison funèbre de Ronsard en 1586 puis rentre dans les ordres. Il est sacré évêque d’Evreux le 27 décembre 1595 à Rome en l’Eglise Saint Louis des Français et devient cardinal en 1604 à la suite de succès oratoires et théologiques rencontrés contre les protestants.

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    Eglise Saint Louis des Français. Rome. 2015. Photo: I Haynes

    Il participe à la conversion d’Henri IV qui le nomme Premier aumônier et conseiller d’Etat puis ambassadeur à Rome. Il devient archevêque de Sens en 1606 puis primat des Gaules, commandeur du Saint Esprit, membre du conseil de régence de Louis XIII.

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    Hotel de Sens, Paris.  Photo: Pline

    Jacques Davy du Perron meurt à Paris en son hôtel de Sens, le 5 septembre 1618, en laissant une oeuvre théologique et poétique considérable. Il a prononcé l’éloge funèbre de Marie Stuart reine d’Ecosse.

 

 

 

  • Jean, né en 1565 à Vire, est aussi un maître des langues anciennes et un musicien : il donne des leçons de luth et de viole en 1576 à Paris. Converti, comme son frère, il fonde des couvent, devient aumônier d’Henriette de France, reine d’Angleterre et archevêque de Sens après la mort de son frère. Proche de Richelieu, il meurt à Laubejac le 24 novembre 1621.  Il y suivait la Cour et l’armée du Roi qui, après avoir assiégé Montauban place forte protestante, venait de lever le siège de la ville. La peste s’étant répandue au sein des troupes royales puis des protestants, il est possible que Jean ait succombé à cette maladie. Il existe un portrait de lui dans le livre  consacré à la famille Davy mais je n’arrive pas à trouver les coordoénnes de l’éditeur pour obtenir l’autorisation de publication.
Monuments du Perron

Statues du mausolée des frères Davy dans la cathédrale de Sens. Photo :  Cl. Antoine Philippe.

Les corps des deux frères sont inhumés dans la cathédrale de Sens où leur neveu, Jacques Le Noël, lui aussi évêque d’Evreux, leur fit élever un mausolée dont il ne reste que les statues. Les coeurs des trois évêques reposent à Paris en l’église Saint-Paul-Saint-Louis.

Les frères Davy avaient deux soeurs :

  • Marie qui épouse Jean de la Rivière puis Robert le Noël (père du 3ème évêque)
  • Anne-Marie-Geneviève épouse Pierre Tardif sieur de La Rochelle en Vaudrimesnil dont descend ma branche maternelle.

 

 

 

 

Sources:

Hubert Lamant et Jean Canu  » Les familles David et Davy », 1979.

Articles Wikipedia sur Jean et Jacques Davy du Perron.

Tous mes remerciements au CEREP (Centre de recherche et d’étude du patrimoine) de Sens et à l’Agence Photo de la Réunion des Musées Nationaux.