Guerre de 14-18.

Cet article est dédié aux membres de la famille morts pendant la première guerre mondiale. Il y a certainement d’autres personnes, merci de me les signaler pour que je puisse les inclure sur cette page.

Sont morts:

Emile Fraissinet
Emile Fraissinet

Emile Fraissinet (1895-1916),  fils d’Adrien Fraissinet et d’Anna Folsch de Fels mort à 20 ans d’une maladie contractée dans les tranchées. Son nom figure sur la plaque aux morts de 14-18 qui se trouve dans l’Eglise du Sacré Coeur de Jésus avenue du Prado à Marseille. Son nom figure aussi sur le Registre des protestants marseillais morts pendant la première guerre mondiale.

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Folsch Newenham Grant

Folsch Newenham Grant (1890-1918) cousin issu-issu- issu de germains d’Emile, soldat au 35ème bataillon d’infanterie. Tué au combat le 5 avril 1918, son corps n’a jamais été retrouvé. Son nom figure sur le mur du mémorial de Villers-Cotterêt

Pierre Fimbel
Pierre Fimbel (1894-1914)

Pierre Fimbel (1894-1914) Brigadier au 3eme régiment de chasseur. Décédé dans l’Oise. Enterré sur le territoire de la commune de Noyon ( nom sur le monument aux morts).
Tué d’une balle en pleine poitrine, cité à l’ordre du régiment.
C’est le neveu de mon arrière-grand père Louis Ignace Fimbel.

Ont survécu :

Jules Louis Scherer (1884-1973) époux d’Alice Christine Fraissinet, une soeur de ma grand-mère et cousin germain de mon grand-père, avait fait toute la guerre de 14-18, et était notamment brancardier à Verdun. Il en sorti sans une égratignure.

Eugene Paul SCHERER

Eugène Paul Scherer (1870-1958) Blessé aux jambes au moment où il faisait abriter ses hommes violemment bombardés.

Henri Charles Fraissinet (1869-1925), capitaine au long cours, neveu d’Adrien, obtint la Légion d’honneur pour avoir en commandant le bateau Iberia le 2/11/1916 assuré la sécurité des passagers et du transport face à un sous-marin ennemi au large de la Corse. Autre fait : Date : 08/1915. « A pris le commandement du LIAMONE au moment où les opérations effectuées par ce bâtiment à Antivari présentaient le plus de difficultés et a donné à tous l’exemple du calme, du sang-froid, lorsque son bâtiment a été attaqué ».

Jean Alfred Louis « Henry » Fraissinet (1894-1981), 6ème Régiment de Hussards

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Selwood Hammerton Grant (1894-1956) , réformé en raison d’un oeil crevé pendant sa jeunesse, il participe à la guerre à l’arrière en fabricant des munitions.

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William Henri Grant Junior (1883-1961). 2ème bataillon d’infanterie australien en 1917. Lance corporal
Blessé à l’action en septembre 1918.

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William Francis Grant (1884-1964) Avec les Chevaux légers australiens il participe à la charge victorieuse de Beersheba la dernière charge de cavalerie de l’histoire. Est également présent à Gallipoli.

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Richardson Albert Grant (1888-1978) . 7 ème régiment de chevaux légers australiens. Enrôlé en Janvier 2016. Participe à la bataille de Gallipoli puis est envoyé en Egypte se battre contre les Turcs.

Robert Fimbel
Robert Fimbel (1893-1949), moine et musicien : prisonnier de guerre pendant 4 ans.

François Xavier Aubry de la noe

François-Xavier Aubry de la Noë (1895-1968) Aviateur pendant la guerre. Croix du combattant volontaire 14-18

Et les femmes dans tout ça ?

Elles ne combattent pas mais sont actives.

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Juliette est la seconde à partir de la gauche au 2ème rang.

Juliette Aubry de la Noë. Palme de bronze de la Croix Rouge pour services rendus pendant la guerre en tant qu’infirmière.

Joseph Etienne Aubry peintre normand en rupture de banc

Joseph Etienne était passionné de peinture. Un document familial dit même qu’il fait le voyage d’Italie. Désargenté, il dut vivre de sa peinture ce qui le fit déroger donc perdre son statut de noble puis le retrouver car la dérogeance n’était pas toujours définitive.

Une fois n’ est pas coutume, commençons par l’acte d’inhumation de Joseph Etienne le 23 février 1789, « décédé hier ». Sur cet acte il est nommé écuyer. Sur l’acte de baptème de son petit fils Jean Baptiste en 1784, Joseph est nommé « noble homme », il est nommé sieur mais « père de noble homme Joseph Michel Antoine » lors du mariage de ce dernier en 1783. Il est « sieur » et sa femme « dame » lors du baptème de Jean Michel Antoine en 1755, n’est rien du tout mais qualifié de « peintre » lors du baptème de son deuxième fils, Thomas, en 1760.

Des inconvénients de la vie d’artiste pour un noble du XVIIIème

Lors de son mariage, le 8 novembre 1753 en la paroisse ND rue Froide de Caen, aucune mention particulière d’un état de noblesse, pas même pour son père Jacques Aubry Delanoë, ni pour sa mère, Julie Marie Madeleine Binet tous deux déjà décédés à cette date. Par contraste, dans tous ces registres, les célébrants ne manquent pas d’indiquer les titres des nobles qui se marient ou baptisent leurs enfants dans l’église i.e. noble, dame, écuyer, etc. Il semble donc que Joseph ne soit pas (ou plus) considéré comme noble et que sa noblesse n’ait été reconnue que dans la deuxième partie de sa vie. Une explication se trouve dans l’ouvrage de Gilbert Bodiner (2005) où l’on voit Thomas Aubry, son fils cadet, perdre son emploi de mousquetaire à cause de l’état de peintre de son père. De fait, Joseph Etienne Aubry est qualifié de peintre sur le rôle du vingtième de Carpiquet où il apparaît en 1773 sous le numéro 109 « comme peintre, hériter à cause de son épouse du S(ieu)r Lecanu Descourtchamps, héritier de Thomas Le Canu son père » puis en 1777 comme peintre « possédant maison et jardin et six ares de bonne terre labourable ». Il figure au rôle de la capitation de Caen comme peintre, ainsi qu’en 1773, 1779, 1782 et est domicilié place Royale, paroisse Notre Dame (Bénet, 1899). D’après l’association Cadomus, Joseph Etienne a vendu sa maison de la place Royale et, vers 1780 (les dates correspondent donc à peu près avec les rôles de la capitation), a été construit à sa place l’hôtel Paisant, encore debout après les bombardements de 44.

Dans les nobiliaires du XIXème siècle et le document familial il est précisé qu’un jugement rendu le 11 octobre 1784, par M. Feydeau, intendant de la généralité de Caen l’a maintenu dans sa noblesse. Cela est cohérent avec le changement d’appellation observé cette année là et avec la mention de son fils Thomas comme « écuyer » lors de son mariage en 1791. C’est une information un peu étonnante. D’après l’archiviste des AD du Calvados : il n’est normalement pas du ressort d’un intendant de signer les maintenues de noblesse car la décision dépend du conseil du Roi, a fortiori d’en décider par jugement. En général les actes se trouvent à Paris aux Archives Nationales et sont enregistrées à la Cour des Aides dont le titulaire dépend (Rouen en l’occurence) et dans toutes les autres cours et baillages car la publicité de l’acte doit être maximale notamment pour des raisons fiscales. Il existe un certain nombre d’actes de maintien de noblesse en série B et E à Caen mais les dossiers explorés ne donnent rien. Il n’y a rien en série A. Il me faudra retourner à Rouen rechercher les enregistrements de la cour des aides.

Joseph Etienne est mentionné comme peintre dans plusieurs ouvrages sur les artistes de l’époque:

  • « Peintre travaillant à Caen dans la deuxième moitié du XVIII ème siecle » (Benezit, 1924).
  • « Il prend sous son aile Jacques Noury (1747-1832), qui deviendra un petit maître normand, et lui apprend la peinture jusqu’à sa 20ème année. Il sera son seul professeur… Carpiquet doit à Aubry de La Noë deux des tableaux qui ornent son église. Ces tableaux étaient en 1944 au bas de la nef et doivent être considérés comme des tableaux de valeur. Au sujet de ces deux tableaux, un registre des délibérations de la paroisse de Carpiquet nous apprend qu’en 1776, Aubry de La Noë, peintre de Caen et tréfoncier de la paroisse de Carpiquet, avait été chargé de faire deux tableaux, l’un de saint Martin, l’autre de sainte Anne pour le grand autel qui venait d’être construit, et ce aux frais de la fabrique : « qu’Aubry les a faits de très bon goût et de prix, mais il n’a voulu y en mettre aucun. Il en fait présent à la fabrique. » Sur quoi les paroissiens reconnaissants le déchargent d’une rente de 3 livres qu’il était tenu de faire, pour la place de banc qu’il occupe dans l’église. Ce tableau de sainte Anne figurait à l’Exposition d’art religieux qui se tint à Caen sur le terrain de la Foire-Exposition, place d’Armes, dans la semaine qui a précédé la guerre, en 1939. Il existe dans l’église de Carpiquet un troisième tableau représentant le baptême du Christ par saint Jean-Baptiste. Les habitants l’attribuent également à Aubry de La Noë » (Bonnel, 1945).

Frédéric Delanoë avait de qui tenir ! Je suis allée à la recherche des tableaux de l’église mais elle était fermée. Il semblerait qu’il ne reste plus rien dans le bâtiment lequel a quand même survécu aux bombardements.

Eglise de Carpiquet. Photo: I Scherer 2019


Via son épouse, Joseph Etienne hérite aussi, après la mort de Thomas Le Canu, de biens dans la paroisse de Verson (Hunger,1908) et le rôle du vingtième indique qu’il est également imposé à Bretteville.

Joseph a donc épousé en 1753 Julie Gabrielle Le Canu d’une famille de notables de Caen. L’acte de mariage indique l’âge approximatif de Joseph en 1753 : 40 ans environ (42 ans si on se réfère à son acte de décès) donc né entre 1710 et 1713 et celle de Françoise Julie Gabrielle, 19 ans environ. Joseph Etienne se marie sur le tard et avec une beaucoup plus jeune femme. Notons que Bonnel (1945) affirme que Joseph était né à Caen en 1711 et que sa femme était âgée de 15 ans et demi lors de leur mariage tandis que Mergnac et al (1993) qui semblent se fonder sur Révérend (1897), donnent une date précise pour la naissance de Joseph : le 24 novembre 1710. Malheureusement les archives sur lesquelles sont basés ces ouvrages écrits avant la première guerre mondiale, n’existent plus tout ayant brûlé pendant la seconde guerre mondiale.

Joseph Michel Antoine semble être le seul fils légitime issu de ce mariage.


Il avait un frère aîné, Charles, cité par Jouglas de Morenas (1975) qui, selon le document familial (qui ne mentionne pas son prénom), n’a pas survécu. Il n’apparait pas dans les autres nobiliaires.

Sources :

  • http://www.cadomus.org/ Contact avril 2019. L’association reconstitue en 3D le Caen d’avant guerre.
  • Benezit, Emmanuel : « Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs & graveurs de tous les temps et de tous les pays ». Tome 1 A-C, Grund ed. 1924, page 262
  • Bénet, Armand : « Note sur les artistes caennais du XVIII ème siècle ». Réunion des sociétés des beaux arts des départements. 1899
  • Bodinier, Gilles : « Les gardes du corps de Louis XVI » Mémoires et documents ed. 2005.
  • Bonnel (colonel) : «Le peintre caennais Jacques Noury (1747-1832)» Bulletin de la société des Antiquaires de Normandie. Séance du 1/12/945. En ligne sur Gallica : ark:/12148/bpt6k96051309. Consultation 9 octobre 2018.
  • Hunger, V : « Histoire de Verson » Brunet ed. 1936. En ligne sur Gallica: ark:/12148/bpt6k5726038j. Consultation 10 octobre 2018
  • Jouglas de Morenas, Henri : « Grand armorial de France » Tome 1. Frankelve et Berger-Levrault ed. 1973
  • Mergnac, Marie Odile, Pirez Marie-Anne, Trouvelot Marie Hélène : « Les Aubry » Archives & culture ed. 1993
  • Révérend, Albert Vt : « Annuaire de la noblesse de France » 1897.

©Isabelle Scherer 2020